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Françoise Juvin (1926-2010)

Paysages Sanzistes, du 16 décembre au 16 janvier 2022

De même que notre cher Pierre Coquet, Françoise Juvin, qui fut son épouse, a fait partie du groupe Sanzistes dans les années 40.

Travaillant sur des formats plus petits, ses tableaux reflètent une peinture sensible et colorée inspirée par sa passion pour les voyages, Florence, Venise, Istanbul, Lisbonne... mais aussi la France notamment Paris et Cannes.

Sa palette lumineuse est distillée par une touche rapide chargée d'émotion et d'humilité.

Le sanzisme

Ce fut le nom imaginé par d’anciens élèves des Beaux-Arts de Lyon pour baptiser l’exposition qu’ils avaient organisé à la chapelle du lycée Ampère en plein après-guerre. La mode était aux mouvements en « isme » : Impressionnisme, Pointillisme, Fauvisme, Cubisme, Dadaïsme... et combien d’autres.

 

Nos jeunes gens rejetaient bien entendu toute référence à ces « écoles », même si leur démarche collective comme individuelle s’inscrivait naturellement dans une continuité de ce qu’avaient réalisé les « Ziniars » ou les « Nouveaux », à Lyon dans les décades précédentes. Voilà qui explique le mot « Sanzisme » puisqu’on ne voulait plus être rattaché à quelque « isme » que ce soit.

 

A l’époque, pas de subvention. Pas de Drac. Pas de Conseil Général. Pas d’adjoint à la Culture. Pas de subside… Comme quoi le talent, et à plus forte raison le génie, peuvent très bien se passer des subventions qui transforme l’Art –libre par définition- en Art fonctionnarisé, « béghainisé » ou encore « aillagonisant ». Nos artistes, pourtant désargentés, durent se débrouiller pour financer tant bien que mal, leur exposition par leurs propres moyens. Celle-ci fit découvrir aux Lyonnais des personnalités totalement dissemblables et pourtant, tellement proches. Tous avaient bénéficiés de l’influence de leurs professeurs : Vieilly, Chartres, Dumas, Chancrin.


Le fougueux Cottavoz côtoyait pour la première fois le pudique Truphémus et le tendre Fusaro ; mais aussi le grinçant Philibert-Charrin, le trop modeste Pierre Coquet, l’indispensable Pierre Doye, l’avant-gardiste et regretté Antoine Sanner, le prometteur Bansac qui se « perdra » dans la publicité et la décoration, le sensible Bravard, l’humoriste Chaix, le scrupuleux Paul Clair, la frémissante Françoise Juvin ou encore le sévère André Lauran. J’en oublie quelques autres. L’exposition fut une réussite. Et même une espèce de triomphe. Plus de 2 800 visiteurs accoururent.

 

Soucieux de conserver leur indépendance, les anciens élèves des Beaux-Arts ne renouvelèrent jamais l’expérience. Histoire de ne pas transformer ce magnifique  coup en semblant de mouvement. Une tentative de revenez-y échoua en 1950. A la grande joie de Philibert-Charrin, indépendantiste intransigeant.

Par Jean-Marc Requien

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